samedi 4 janvier 2014

Un rassemblement et un texte ouvriers

En Iran les grèves sont interdites et les rassemblements non-gouvernementaux sont prohibés. C'est pourquoi la moindre grève et le plus petit rassemblement indépendant qui se fait forcément sans autorisation sont en soi des événements remarquables.
Aucun groupe politique n'est admis tant qu'il ne fait pas allégeance au guide suprême, autant dire que pour avoir des activités politiques légales en Iran, l'on ne peut qu'être d'accord avec le régime! Bien sûr les Iraniennes et Iraniens un peu plus âgés se rappellent du régime du chah et "son parti unique" qui avait d'ailleurs un joli nom: le parti de la résurrection! Bien sûr tout le XXème siècle a vu de différents régimes à parti unique dans les pays de l'Est et bien sûr les Cubains, Chinois ou Coréens du Nord sont encore sous le joug des régimes liberticides de ce genre. Par contre les mollahs iraniens jouent un peu à la démocratie. La preuve? Le Ministère de l'Intérieur iranien vient d'inviter pas moins de "56 groupes et partis politiques" à une réunion de "concorde d'idées" prévue pour le 07/01/2014! Ils vont donc participer à une réunion pour savoir comment mieux défendre un régime que l'on ne présente plus.
Mais que les mollahs et leur régime le veuillent ou pas, la société ne se laisse pas faire malgré toute la répression et toutes les interdictions. Les ouvriers commencent de nouveau à s'organiser pour lutter contre tout un système politico - économique qui les broient à tout instant.
Des ouvriers de centrales électriques ont ainsi formé leur "conseil anticapitaliste". Ils se disent déterminés à "défendre la sécurité de l'emploi" et à "exiger des augmentations de salaires" mais dans "la perspective de l'abolition de toute forme d'exploitation et de salariat".
Le Conseil anticapitaliste des ouvriers des centrales électriques d'Iran vient de publier une information sur le rassemblement de 100 sur 510 ouvriers que compte la centrale Damavand le 28/12/2013. Il précise le caractère courageux du rassemblement du fait que dans cette centrale comme partout le "harassat", un genre de police politique installée dans tout lieu de travail, veille aux grains et que le patronat n'hésite pas à licencier les ouvriers protestataires.
Il a suffit donc que seulement un cinquième des ouvriers d'une centrale électrique proteste pour que les patrons cèdent. Car le Conseil annonce que ces derniers ont promis de régler les primes et heures supplémentaires travaillés sur deux ans par peur que le mouvement se propage. Le Conseil s'adonne ensuite à des calculs pour prouver que les patrons de la centrale Damavand ont largement les moyens de payer, car ils font pas moins de 153000 € de bénéfice par jour. Il signale que la centrale Damavand a été privatisée en 2012. C'est la Fondation du martyre (comprenez une bande du régime) qui l'a achetée. Le prix de vente était tellement raisonnable que les capitalistes de la bande de la Fondation du martyre ne doivent attendre que quatre ans pour faire un retour sur tout le capital investi.Qui dit mieux?
Le Conseil anticapitaliste poursuit ensuite:"Les patrons et capitalistes profitent bien de leur droit de s'organiser et nous en privent en se faisant aider par les gouvernants et gouvernements. Les patrons et capitalistes créent des chambres, syndicats, associations et gouvernements pour défendre leurs intérêts, mais dès que nous voulons nous défendre, ils s'y opposent en s'appuyant sur l’État."
Le Conseil rappelle que les Conseils islamiques du travail et la Maison de l'ouvrier (qui dépendent du gouvernement) ne sont qu'au service des capitalistes. Il continue dans ces termes: "Les Conseils islamiques du travail comme toutes les autres formes d'organisation idéologique ne servent jamais les luttes ouvrières. Les associations et syndicats ne suffisent pas non plus. Nous devons réfléchir sur la création d'organisations qui ne soient jamais idéologiques mais toujours anticapitalistes. Des organisations où les ouvriers ont le droit de révoquer leurs représentants à tout moment et où la solidarité est à la base des actions."
L'on ne peut que souhaiter un bel avenir pour ce genre d'organisations ouvrières.       
  

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