mercredi 15 janvier 2014

Des ouvriers sur le chemin du président

Le mollah Hassan Rohani est allé à Ahvaz, la capitale de la province du Khuzestan, au sud de l'Iran, le 14 janvier 2014.
Le régime islamique a l'habitude d'organiser des rassemblements de bienvenue pour ses personnalités chaque fois qu'elles se déplacent afin de se montrer quelque peu crédible. Ce sont souvent des forces militaires et paramilitaires habillés pour l'occasion en civil et accompagnés de membres de leur familles qui remplissent cette tâche. Ce mardi, presque 60 ouvriers étaient venus aussi sur l’itinéraire présidentiel non pas pour souhaiter la bienvenue mais pour protester. C'étaient des ouvriers de production et de raffinage du sucre d'Ahvaz dont leur usine a été fermée. Ils n'en sont pas à leur première protestation. Le gouvernement précédent avait même pris une mesure pour que l'usine ne soit pas fermée. Selon un ouvrier cela n'a eu aucune conséquence.
Le président n'a bien évidemment pas daigné arrêter son cortège préférant aller directement à la mosquée pour faire sa prière!
Plus de 1000 autres ouvriers se sont aussi rassemblés devant le siège de la pétrochimie Razi du port Imam en exigeant la présence du président pour recevoir leurs doléances. Ils n'ont reçu aucune visite ou réaction de la part de celui-ci. Leur situation est désastreuse du fait qu'ils sont considérés comme intérimaires sans l'être en réalité. Ce rassemblement était le quatrième en espace de deux semaines.
Les fermetures et les contrats de travail précaires ne sont pas les seuls problèmes des ouvriers en Iran. Les arriérés de salaire et les bas salaires les frappent aussi de plein fouet.
Par exemple des ouvriers d'une usine de fabrication de tracteur située à Tabriz se sont rassemblés le 9 janvier dernier pour protester contre le non -paiement de 8 mois de salaire. Un ouvrier de cette usine a déclaré à l'agence de presse ILNA que la privatisation de l'entreprise a eu des effets catastrophiques sur la production. Car la fabrication de 600 machines est tombée à 33 par an. Apparemment le patron privé ne considère pas cette usine assez rentable. Il a alors baissé à dessein la production pour prétexter que les caisses sont vides pour payer les ouvriers.
Les salaires bas ont énormément fait baisser le niveau de vie des ouvriers, de telle sorte que le salaire minimum décidé par les patrons et leur État en présence des pseudo-organisations syndicales à leurs bottes, ces fameux conseils islamiques du travail, est trois fois moindre que le seuil officiel de pauvreté. Maziar Guilaninéjad, membre du syndicat des métallurgistes et mécaniciens, qui n'est pas reconnu par l’État, a dit récemment que les salaires devront augmenter au moins de 65%.
Alors que le président s'apprêtait à aller à Ahvaz, des bourreaux islamiques ont pendu 7 prisonniers accusés de meurtre dans la prison de Rajai - Chahr à Karadj, à quelques dizaines de kilomètres de Téhéran. Ils devaient être 11, mais les familles des victimes les ont sauvés en acceptant leur pardon. Les lois islamiques permettent en effet aux membres de familles des victimes de gracier des condamnés.
La seule bonne nouvelle de la journée du 14 janvier 2014 était celle de la libération sous caution des poètes Mehdi Moussavi et Fatemeh Ekhtessari. L'information sur leur arrestation a été publiée sur ce blog (http://siahmosht.blogspot.fr/2013/12/disparition-inquietante-de-deux-poetes.html).

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