mercredi 20 novembre 2013

De l'apartheid du régime des mollahs iraniens

S'il y a un domaine pour lequel l’État islamique iranien est peu ou pas du tout dénoncé et condamné, c'est bien son apartheid. Il ne s'agit pas là d'une ségrégation contre les différentes ethnies habitant le pays, l'Iran étant un pays multi - ethnique ou multi - national, par exemple des Turkmènes au nord, des Arabes au sud, des Baloutches à l'est, des Kurdes à l'ouest et d'autres ailleurs, surtout les Azéris, les Lors etc. Non, il s'agit d'Afghans qui ont dû quitter leur pays depuis plus de 35 ans à cause de différents conflits armés.
Les Afghans sont venus donc en Iran après l'agression soviétique en 1979, puis pendant la guerre civile entre l'Alliance du Nord et les Taliban, ensuite sous le régime des Talibans et encore depuis 2001, lorsque G. Bush a commencé sa "guerre contre le terrorisme", une invasion qui continue encore, sachant que les forces militaires occidentaux devraient quitter l’Afghanistan à partir de janvier 2014.
Il ne faut pas oublier que le régime des mollahs n'a jamais eu une attitude inerte dans les conflits afghans. Il a aidé et financé des partis politiques islamiques afghans comme le Parti de l'union ou bien le Mouvement islamique. Il a laissé les avions de chasse américains survoler l'espace aérien iranien lorsque Bush a décidé de renverser les Taliban. Donc la responsabilité d'une partie des destructions et surtout des pertes humaines en Afghanistan incombe directement au régime des mollahs iraniens.
Selon les chiffres du dernier recensement de la population effectué en 2011 en Iran 1 452 513 d'Afghans habitaient en Iran, mais l'on parle généralement de deux millions voire plus.
La République islamique a décidé d'expulser massivement les Afghans d'Iran après le renversement du régime des Taliban, considérant qu'ils ne risquaient plus leur vie dans leur pays d'origine. Mais l'on sait bien que le départ des Taliban n'a jamais été synonyme d'une certaine sécurité en Afghanistan. Le "nouveau" régime est entièrement dépendant des aides internationales et sans les armées étrangères, il est incapable de gérer les problèmes de sécurité dans le cadre d'un État. Des décennies de guerre et de destruction ainsi qu'un gouvernement fantoche font que des Afghans continuent de quitter le pays ou désirent rester là où ils sont.
Les Afghans qui vivent et travaillent en Iran sont privés des droits les plus élémentaires. Les capitalistes qui ont l'entière soutien de l’État les surexploitent dans les métiers les plus difficiles surtout dans la construction, les briqueteries ou encore l'agroalimentaire et l'élevage bovin etc. Le salaire des travailleurs afghans est encore moindre que celui payé aux "nationaux", lequel ne couvre déjà pas leurs premiers besoins. Malgré cela, l’État prétend de temps à autre que si le chômage est important en Iran, c'est à cause des Afghans qui sont dans le pays. Le pire est que certaines organisations internationales censées aider les réfugiés relaie les mêmes âneries. Ainsi l'on a pu lire sur le site de l'UNHCR:"D'après les statistiques gouvernementales, près de 300 000 réfugiés travaillent dans les secteurs de la construction, de l'agriculture et de la production. C'est un motif d'inquiétude pour le Gouvernement et les citoyens iraniens, compte tenu du taux élevé de chômage dans le pays." Les médias officiels qui rendent les deux millions d'Afghans responsables du chômage, c'est comme s'ils travaillaient tous et qu'il n'y a avaient pas parmi eux enfants, femmes et personnes âgées inactifs, devraient savoir que plus de quatre millions d'Iraniens ont aussi quitté le pays, fuyant surtout l'inexistence des libertés et le désastre économique que le régime a imposés au pays.
Les métiers difficiles faits par les Afghans n'étaient pas toujours leur choix, mais imposés par le marché du travail capitaliste iranien à la recherche d'une main d’œuvre pas chère et corvéable à merci. Le commandant en chef des forces de l'ordre (NAJA) a justifié cette réalité à la mi-septembre 2013 dans ces termes: "Il y a quelques années, quand nous avons expulsé les Afghans, nous avons constaté que les élevages bovins et l'industrie de briqueterie manquaient de main d’œuvre. Les Iraniens cherchent du travail mais ne veulent pas aller cueillir des fruits dans les jardins. Ils veulent travailler derrière les bureaux avec un téléphone."  
Par contre s'agissant de droits, tout est fait pour que les immigrés afghans en soient privés le plus possible. Ce sont ces privations de droit qui sont ségrégationnistes et racistes et rappellent le régime d’apartheid sud-africain.
Avant que l'année scolaire courante commence, une banderole a été déployée sur une école primaire d'une petite ville de la province du Yazd. Il y était marquait ces mots: "Nous ne voulons pas l'inscription des enfants étrangers dans cette école". Un site Internet a relaté l'information avant de la supprimer quelques heures plus tard. Car entre temps les autres sites Internet ont aussi relayé l’information et des gens ont protesté par les réseaux sociaux en condamnant cette banderole et en la qualifiant de raciste alors qu'elle était signée dans les termes que le régime utilise, pour ce cas, "habitants parents des martyres de Firouzabad".
Il y a un an, c'est un responsable de la police d'Ispahan qui a causé un tollé. Il a en effet interdit pendant une fête du nouvel an persan, célébrée aussi par les Afghans, Kurdes, Tadjiks etc., l'accès du jardin Saffeh de la ville aux Afghans. Les protestations contre cette interdiction, toujours par le biais des réseaux sociaux, ont été telles que les supérieurs du flic à Téhéran ont dû réagir en démentant complètement l'interdiction.
Avant que l'été 2012 commence, ce fut un préfet qui a interdit le séjour des Afghans dans 10 villes côtières de la province du Mazandaran sous prétexte que cela nuirait à l'attrait touristique de ces endroits. Or les villes sur les côtes de la mer Caspienne comme celles au Sud, du Golfe persique, ont peut-être tout, sauf l'attraction touristique, étant donné que même en famille, les femmes sont séparées des hommes sur les plages.
A part ces faits et mesures ouvertement racistes, les responsables de l'administration islamique commettent d'autres restrictions contre les Afghans surtout concernant les papiers de séjour, de travail et même de naissance.
Depuis plus de vingt ans, les mollahs ont décidé d'empêcher les mariages mixtes, surtout quand ils s'agit d'un Afghan et d'une Iranienne, c'est-à-dire la majorité des cas. Alors la décision consiste à ne pas valider les documents du mariage. Mais cela n'a pas empêché les mariages et l’État islamique croit savoir que plus de 32000 mariages "non - officiels" ont eu lieu dans les provinces de l'Est. Le résultat conséquent à cela est que plus de 100 000 enfants sont nés, lesquels n'ont pas eu droit à un acte de naissance. Selon les lois islamiques le chef de famille ne peut être qu'un homme. L’État islamique considère donc que les couples mixtes n'en sont pas et la femme doit suivre son mari et repartir avec lui et les enfants en Afghanistan. Mais ce ne sont pas seulement des femmes iraniennes mariées aux Afghans qui sont ainsi forcées de partir en Afghanistan, c'est aussi des enfants qui ont été envoyés en Afghanistan sans leurs parents pour que ces derniers soient obligés de les suivre. Abdolghader Rahimi, responsable de la Commission indépendante des droits de l'homme basée dans la ville afghane d'Hérat affirmait, en juin 2013, que quelque 1000 enfants ont été renvoyés seuls en Afghanistan par la police iranienne. Il a ensuite précisé que la police iranienne a expulsé ces enfants en espérant que leurs parents les suivraient et ainsi l'Iran se débarrasserait de plusieurs milliers d'Afghans.
Quand les mollahs ne commettent pas d'actes racistes et ne prennent pas de mesures ségrégationnistes contre les Afghans, quand ils ne les expulsent pas de manières les plus barbares, quand ils ne les surexploitent pas, quand ils ne leur refusent pas divers papiers administratifs, à ce moment-là, ils les tuent.
Les gardes-frontières du régime des mollahs ont commis un véritable massacre prémédité le 10/05/2013. Ce jour-là, les gardes-frontières iraniens ont arrêté plusieurs centaines d'Afghans, quelque trois cents personnes, qui voulaient traverser la frontière pour venir en Iran. Ils les ont ensuite reconduits vers l'Afghanistan. Au moment où les Afghans repartaient chez eux, les gardes-frontières ont ouvert le feu. Au retour en Afghanistan 100 personnes manquaient à l'appel. Les responsables de l’État iranien ont d'abord essayé de nier les faits, mais Abbas Eraghtchi, le porte-parole du ministère des affaires étrangères du régime des mollahs a reconnu les faits, quatre jours plus tard, dans ces termes: "Le 10 mai, un incident a eu lieu sur notre frontière avec l'Afghanistan et quelques Afghans ont perdu la vie. Nous avons demandé une enquête à nos forces gardes-frontières. Nous sommes désolés que quelques innocents qui voulaient venir travailler en Iran, sont morts." Et voilà, s'il y a un pays où l'on demande aux meurtriers de mener une enquête sur leur propre forfait, ce pays-là, vous le connaissez maintenant!
Les mollahs champions du monde des exécutions avec la République populaire de Chine, sont prompts à pendre des Afghans autant qu'ils le peuvent. Les exécutions d'Afghans sont tellement courantes que depuis quelques temps plusieurs manifestations ont eu lieu devant les représentations diplomatiques iraniennes en Afghanistan. Le 26/02/2013, le Conseil de coopération des partis et coalitions politiques afghans a condamné le nombre élevé d'Afghans qui sont condamnés à la peine de mort en Iran et considéré que ces exécutions sont inquiétantes.
Si les droits élémentaires humains des Afghans ne sont pas respectés en Iran sous le joug d'un régime capitaliste religieux, c'est en grosse partie à cause du fait que les informations les concernant ne passent pas suffisamment bien. L'opposition iranienne comprend un large éventail qui va des royalistes aux marxistes. Autant dire que la grande partie de cette opposition ne donne pas assez d'importance à la défense des droits des Afghans vivant en Iran. Les militants politiques à l'extérieur de l'Iran, surtout les anarchistes, devraient aider davantage les Afghans qui vivent en Iran. Les Afghans, les femmes, les hommes, les enfants, les couples mixtes et toutes et tous les autres doivent avoir les droits égaux aux "nationaux". Les enfants afghans, issus ou non des couples mixtes ne doivent pas être privés de leurs parents, de l'école etc. Les meurtres d'Afghans aux frontières et dans les prisons doivent cesser.

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