mardi 3 décembre 2013

Traite des femmes, avortement illégal et quelques autres misogynies en Iran

La misogynie des régimes religieux n'est plus à prouver tellement les faits et réalités sont flagrants. Le régime des mollahs en Iran ne fait pas exception. Il a confisqué le peu de droits que les femmes avaient en Iran sous le régime précédent surtout la liberté vestimentaire (obligation du port de voile), la liberté artistique (interdiction du chant) etc.
Seule la résistance incroyable des femmes a obligé le régime des mollahs à reculer partiellement. Par exemple ce dernier n'a jamais pu imposer aux femmes le voile intégrale ou le tchador. Il n'a pas réussi à empêcher les femmes de faire des études supérieures malgré l'interdiction de certaines filières universitaires etc.
Bien que la censure et le despotisme frappent la société iranienne, des faits et certaines informations qui passent aussi bien par les voies officielles qu'officieuses démontrent très aisément la misogynie du régime des mollahs iraniens.
Cela fait plus de dix ans que des féministes et défenseurs des droits des femmes dénonçaient la traite de jeunes femmes surtout vers les Émirats arabes unis, mais les soi-disant responsables du régime faisait la sourde oreille ou démentaient la réalité.
Le 02/12/2013, divers responsables de la police iranienne ont répondu aux questions que les journalistes présents sont autorisés à poser concernant la traite des femmes. Avant de passer en revu leurs réponses, contentons-nous de la définition qu'Amnesty International donne de la traite des femmes. Selon cette organisation des droits de l'homme: "l’expression “ traite des personnes ” désigne le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace de recours ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation. L’exploitation comprend, au minimum, l’exploitation de la prostitution d’autrui ou d’autres formes d’exploitation sexuelle, le travail ou les services forcés, l’esclavage ou les pratiques analogues à l’esclavage, la servitude ou le prélèvement d’organes." Elle continue: "Si certaines femmes sont enlevées ou contraintes, un grand nombre quittent initialement leur pays de plein gré, croyant que le travail qui leur est offert - ...- leur permettra d’échapper à la pauvreté, à la violence ou aux exactions qu’elles subissent. La violation systématique de leurs droits débute fréquemment dès le départ : cette stratégie vise à les rendre totalement dépendantes de leurs trafiquants et, plus tard, de leurs “propriétaires”. Le voyage se poursuivant, elles comprennent de mieux en mieux que le travail qui leur a été proposé ne correspond pas aux promesses ; elles sont dépouillées de leurs papiers, parfois battues, et à peu près certainement violées si elles commencent à protester."
Mais les chefs des flics iraniens sont bien loin de tout cela. Le chef de l'immigration et des passeports des forces de l'ordre qui s'appelle Ali Sadéghi a dit que la traite des femmes vers des pays comme les Émirats arabes unis est une réalité mais le nombre des femmes est "insignifiant". Il a reconnu que les bandes de la traite des femmes leur promettent du travail mais les exploitent surtout sexuellement. Pour lui la cause n'est bien évidemment pas la pauvreté des femmes et quelques fois des hommes qui tombent dans le piège des bandes, mais le fait que la Turquie et la Malaisie ne demandent pas de visas aux Iraniens et ainsi les femmes et hommes victimes de traite des êtres humains sont dirigés vers ces pays avant de partir pour l'Australie ou la principale destination qui est les Émirats arabes unis. Un autre chef de flics qui s'appelle Esmaïl Ahmadi - Moghaddam a pratiquement donné les mêmes réponses sans faire la moindre réflexion sur la cause de la traite des femmes qui est la pauvreté.
Il y a dix ans, un pilote des lignes commerciales émiriennes a pu participer à une réunion dans laquelle étaient présents Shahindokht Molaverdi, directrice des affaires des femmes auprès du président de la République de l'époque, Némat Ahmadi, avocat et Tohid Ebadi, chef des études des forces de l'ordre islamiques. Mostafa Benyahya, le pilote, leur a affirmé que chaque jour entre 10 à 15 femmes victimes de la traite sont envoyées d'Iran vers Dubaï. Il a ensuite précisé que chaque mois 3 à 5 cadavres de jeunes femmes font le voyage dans le sens inverse. Il a aussi employé un terme effroyable pour le sort des femmes et hommes esclaves en disant que certains d'entre eux et elles sont "soldés" dans la ville de Fujaïrah.
Dix ans se sont écoulés de cette réunion et la traite des femmes d'Iran vers divers pays continue encore et encore, tout simplement parce que la pauvreté et l'inexistence des droits des femmes sont de plus en plus flagrantes.
Un autre aspect de l'évolution sociétale qui dérange beaucoup les mollahs iranien est bien la démographie du pays qui ne correspond pas du tout à leurs dogmes religieux et ambitions impériales. Ali Khaménéi, le guide suprême, qui a de fait tous les pouvoirs, demande, surtout depuis un an que la population double pour atteindre 150 millions d'individus. Il n'est pas content que l'indice de fécondité ait tombé de 6,8 enfants en 1979 à 2,8 en 1996 pour arriver à 1,9 en 2011. Les gouvernement successifs diminuent les budgets des centres de santé et l’accès aux moyens contraceptifs deviennent de plus en plus difficiles. Malgré cela, les statistiques officielles parlent de 4818 avortements pour l'année iranienne allant du 21 mars 2012 au 20 mars 2013. Ce nombre est bien loin de la réalité. Une sage-femme interrogée par le programme persan de la radio allemande (DW-persian) précise qu'en sept ans de pratique, 70% de personnes qui se sont adressées à elle pour un "avortement illégal" sont de jeunes femmes non-mariées. Elle précise que trois femmes sont décédées pour avoir consommé des médicaments non conformes vendus au marché noir alors qu'elles étaient d'abord allées chez des médecins qui ont refusé de pratiquer un "avortement légal" par peur de représailles des responsables hospitaliers et de l’État islamique.
L'avortement légal ne concerne que les femmes mariées qui doivent être gravement malades ou avoir un fœtus malade. Il doit se faire avant quatre mois de grossesse. Ce ne sont pas seulement les femmes mariées qui se tournent vers "l'avortement illégal" si elles ne désirent pas avoir d'enfant ou d'autres enfants, ce sont aussi des dizaines de milliers de femmes qui ont eu des rapports sexuels hors mariage qui sont réprimés comme un délit selon la loi islamique.
La traite des femmes et l'avortement illégal ne sont hélas pas les seuls faits qui se passent dans l'indifférence presque totale des responsables de l’État islamique. Cet État prive les femmes de nombreux autres droits aussi simples qu'entrer dans un stade pour regarder un match de football ou bien pratiquer le cyclisme en public. C'est aussi pour des choses aussi simples que cela que les femmes en Iran résistent contre les mollahs quitte à s'habiller en garçon pour entrer dans les stades ou braver les interdictions et pédaler dans les rues et ne pas se contenter des pistes cyclables dans quelques parcs. Elles ne prêtent aucune attention aux idioties prononcées par des ayatollahs et des agents idéologiques du régime. L’ayatollah Alamolhoda, imam de la prière de la ville sainte de Machhad a dit: "La jeune femme qui a appris à faire du vélo dans les rues, ne la fait pas avec un vêtement islamique et le foulard. Ainsi elle joue avec la foi des jeunes. Qui a autorisé que les femmes fassent du vélo dans la rue?" Un site Internet soi-disant pédagogique est allé chercher le discours d'un apôtre ou imam chiite mort en 765 après J.C. qui interdisait que les femmes montent à cheval. Il l'a ensuite assimilé aux femmes qui font du cyclisme. Le même site continue dans ces termes: "Étant donné l'anatomie féminine, lorsque les filles s'installent sur une selle de vélo, ce sont bien leurs parties intimes qui se stimulent en pédalant. Il se peut qu'elles s'habituent aux stimulations pour s'habituer par la suite à la masturbation."
C'est bien pour ces raisons que presque aucun changement n'est possible sans que les femmes prennent une part active dans les luttes en cours et à venir en Iran. Une révolution sans les femmes en Iran n'en sera sûrement pas une.

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