mardi 15 octobre 2013

Prison et amende pour la publication d'un poème*

Il est extrêmement rare qu'une publication indépendante dure aussi longtemps que Bukhara, magazine d'arts et de culture qui est publié depuis une quinzaine d'années à Téhéran six numéros par an. Certes, il s'agit d'un périodique dont les responsables font très attention pour ne pas être interdit. Car parler d'arts et de culture dans un pays où le règne des mollahs a interdit des arts comme la danse, le chant des femmes, la peinture ou la sculpture de nus, les films sans que les femmes soient voilées et des dizaines d'autres formes artistiques est un vain mot.
Malgré toute l'attention et la modération des magazines comme Bukhara, un jour le couperet tombe et l'appareil d'inquisition et de censure islamiques s'acharne sur eux.
Selon les informations que des militants des droits de l'homme ont transmises le 14/10/2013, Ali - Akbar Djafar - Dehbachi, le rédacteur en chef de Bukhara vient d'être condamné par le tribunal spécial de la presse à onze mois de prison et une amende de 600 € pour avoir publié un poème de quelques lignes dans le numéro avril - mai 2013. Le tribunal spécial de la presse a considéré que ce poème insulte le tchador ou le voile intégral que les mollahs veulent imposer à toutes les femmes en Iran depuis plus de trente ans sans toutefois réussir. Pour les mollahs, le voile intégral ou le tchador, qui doit impérativement être de couleur noire, est le hidjab parfait qui couvre tous les reliefs du corps féminin: épaules, poitrine, bassin et genoux.
Mais alors que dit ce poème écrit par un poète de 76 ans qui s'appelle Mansour Oudji? Voici tout le poème qui a coûté cher au rédacteur en chef de Bukhara:
Je suis triste pour les femmes
Cette grande partie de l'humanité,
Même pendant les fêtes,
il n'y a aucune colombe blanche parmi elles,
Toutes vêtues de noires,
On diraient des corbeaux.
Sinon Djafar - Dehbachi est parmi les mieux lotis de ces derniers jours concernant la répression générale, car s'agissant d'art et de musique, les tribunaux islamiques de Kermanchah, à l'ouest du pays, ont condamné 39 personnes à un an de prison et plusieurs milliers de tomans d'amende chacune pour avoir organisé des concerts de musique "souterraine" ou même des fêtes de mariage. Il y a parmi elles et eux des musiciens, chanteurs, cadreurs et divers artistes.
A l'autre bout du pays, à Kerman, les responsables judiciaires ont annoncé le 12/10/2013 que pas moins de 64 personnes seront bientôt jugés ensemble pour "avoir comploté contre la République islamique en bande organisée." Les mêmes responsables accusent trois personnes d'être à la tête du groupe, lesquelles auraient recruté les autres. Ils prétendent que ce groupe était "à la solde de l'ennemi étranger". Les membres du groupe sont aussi accusés de faire des propagandes contre les croyances religieuses des gens.
L'appareil judiciaire islamique a aussi condamné trois personnes de religion baha'i, une religion interdite par les mollahs chiites. Il s'agit de deux hommes et une femme qui ont pris 1 an de prison pour l'un et 9 mois chacun pour les deux autres. Ils ont été condamnés pour avoir propagé leur religion.
Le 14/10/2013, lorsque le président de la République Hassan Rouhani s'est présenté dans une université de Téhéran à l'occasion de la nouvelle année universitaire, des agents de la sécurité sous le commandement de la police politique ont empêché des étudiants qui voulaient entrer. Des échauffourées ont eu lieu et quatre étudiants ont été arrêtés. Le président "modéré" n'a fait aucune déclaration sur ces faits !
Le régime des mollahs n'est pas seulement contre les arts et la culture, il est de fait contre tout ce qui représente le progrès, la science et la marche vers l'avant de la société. C'est pourquoi ce régime est destiné à disparaître le plutôt possible.
* P.S. Une agence de presse gouvernementale, ISNA, citant le rédacteur en chef de Bukhara le 15/10/2013, annonce que la condamnation est une rumeur. Elle reconnaît quand même que le poème en question "a entraîné des problèmes", lesquels ont été résolus suite à la publication des notes d'excuses dans le magazine.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire