vendredi 23 août 2013

L’État islamique d'Iran menace les bloggers

Les différents responsables de l’État islamique aiment souvent répéter qu'en Iran la liberté existe plus que partout ailleurs ! Eh bien, Ils ont raison ! Les différentes factions du régime sont libres de dire ce qu'elles veulent. Mieux encore, elles font ce qu'elles veulent. Ces factions ont très bien compris que les médias ont un rôle très important pour formater les esprits. Alors chacune a les siennes. Une preuve? Le journal Hemayat. A qui appartient-il ? Selon ce que l'on lit dans le journal, à "l'administration pénitentiaire et les actions sécuritaires et éducatives du pays". Si vous ne le saviez pas, vous le savez maintenant. Dans les prisons de l'Iran où, au début du printemps dernier, les statistiques officielles donnaient le nombre de 217000 prisonniers et ainsi classaient l'Iran au huitième rang mondial du nombre de personnes incarcérées par rapport au nombre des habitants, l'on éduque les prisonniers ! Et comme toutes et tous ne sont pas éducables, l'on en pend un, deux ou trois par jour, voire plus et de préférence en public. Quelquefois l'on en pend beaucoup plus. Par exemple le 22/08/2013 les bourreaux islamiques ont été très actifs : 5 pendus à Ourumieh, 1 à Hendidjan, 3 à Ardabil, 2 à Machhad, 5 à Arak et 11 dans les deux prisons de la ville de Karadj.
Revenons à notre journal préféré Hemayat. Ce journal du matin est en fait publié au nom de l'administration pénitentiaire mais il est l'organe du pouvoir judiciaire. Le pouvoir judiciaire a un chef toujours mollah qui est directement désigné par le guide suprême et en règle général le ministre de la justice est sous sa tutelle. Alors quand on parle de pouvoir judiciaire en Iran, l'on ne rigole pas, vu que son chef est lié directement au numéro 1 du régime.
Le journal Hemayat, dans son dernier numéro daté du 22/08/2013, a publié un petit article sur les blogs et les bloggers. L'article commence ainsi : "De nombreux Iraniens possèdent maintenant des blogs qui sont de fait leur média personnel. Les weblogs n'ont pas les restrictions d'autres médias et sont très bon marché. Mais ces dernières années des règles ont été instaurées pour les weblogs. Ces régles définissent la ligne rouge à ne pas dépasser." Ce "mais" devrait être écrit en caractères les plus grands possibles. Car c'est toujours ces "mais" qui ont posé des problèmes à plein de gens en Iran et ont compliqué les choses. Alors intéressons-nous à ce "mais". L'auteur de l'article incriminé précise, avant même de définir la ligne rouge, que tout blogger la dépassant se trouvera devant "d'immenses difficultés". Quand enfin l'on définit la ligne rouge, l'on comprend que ces "immenses difficultés" peuvent entraîner le blogger jusqu'au peloton d'exécution.
Le pouvoir judiciaire et son scribe habillé en journaliste ont pensé à sept grandes infractions. Les bloggers ne doivent pas écrire contre la morale et l'honneur publics, contre le sacré en République islamique, contre la sécurité de l’État, contre les responsables et institutions de l’État. Les bloggers ne doivent pas écrire en faveur de ce que  la République islamique considère la cybercriminalité. Ils ne doivent pas nuire à la propriété intellectuelle et enfin ils ne doivent pas appeler à commettre quelques infractions que cela puisse être dans les codes islamiques. Il est évident que chacun de ces domaines occuperait de vastes champs. Par exemple si un blogger qui aime la peinture parle d'un tableau du genre Origine du monde de Courbet et pire publie une photo dudit tableau, il aura commis plusieurs des infractions de la ligne rouge.
Sinon le pouvoir judiciaire et son journal Hemayat sont assez clairs sur le fait qu'un blogger ne doit pas critiquer quoi que ce soit, étant donné qu'il n'a pas le droit de dénigrer le sacré, les personnalités et les institutions du régime. En fait le pouvoir judiciaire aurait mieux fait de dire aux bloggers : désactivez vos weblogs et venez écrire pour Hemayat !
Un adage iranien dit que le menteur a la mémoire courte, l'on pourrait dire autant pour les despotes. Le clergé au pouvoir en Iran depuis plus de trois longues décennies a oublié que son leader qui s'appelait Khomeiny, celui-même qui a égalé des Hitler et Staline mais en petite échelle, faisait passer ces messages sur des cassettes audio enregistrées. La seule chose qui a évolué depuis est que le support a changé et maintenant plusieurs dizaines de milliers de jeunes et de moins jeunes passent leurs messages sur Internet, les pages des réseaux sociaux ou tout simplement avec des SMS. Certes l’État iranien comme tous les États se sentant en danger peuvent censurer les livres, filtrer les sites Internet et réprimer les auteurs de messages par tous les moyens, mais ils ne peuvent pas empêcher la propagation des pensées libres advitam eternam. Au pire on repassera aux cassettes audios et aux écrits manuscrits !
Les mollahs ont depuis longtemps échoué dans la concrétisation de leurs desseins moyenâgeux. Une autre preuve est l'affirmation d'un de leurs sites Internet officiels qui s'occupe de la propagande pour la prière journalière musulmane. Ce site avoue que 70% des jeunes ne la font pas. Ces mêmes jeunes qui sont nés sous la République islamique et vont à l'école que les mollahs ont élaborée. Échec aussi quand un autre mollah de cette même prière du vendredi se voit obligé d'avouer, dans ses prêches, que plus de 70% de femmes se mariant ne sont pas vierges selon une enquête interne non-publiée. Échec quand 60% des étudiants sont des étudiantEs et cela les inquiètent de sorte qu'ils veulent limiter l'entrée des jeunes femmes aux universités en mettant des quotas sexistes. Echec quand à chaque début d'été, ils lâchent leurs hordes de flics des mœurs pour que les femmes mettent "correctement" leur voile alors que la grande majorité d'entre elles le considère comme une prison ambulante. Échec...
Les mollahs et ce que l'on appelle l'islam politique ont échoué, ils doivent s'en aller. Pour être libres et égaux, l'on n'a besoin de l’État islamique, ni d'ailleurs d'aucune autre sorte d’État.     
      
                

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