lundi 26 août 2013

Les mollahs interdisent encore un autre journal en Iran

L’État théocratique d'Iran vient d'interdire encore un journal paraissant trois fois par semaine surtout dans la ville de Kerman, au centre - est du pays, avec un peu plus de 600 000 habitants. La faute de ce journal est de publier dans sa colonne satirique un texte que les mollahs ont trouvé contre les valeurs de l'islam et contre la sécurité de l’État.
Ce journal qui s'appelle Néguine Kerman (Joyau de Kerman) a donc publié le 14/08/2013 un petit article qui avait pour titre "Où est le pays étranger?" Après quelques jours de protestations de diverses bandes de fous d'Allah entre autre l'un de leurs chefs, l'imam de la prière du vendredi, le procureur islamique a ordonné le 24/08/2013 l'interdiction de Néguine. Rappelons qu'en Iran tantôt le pouvoir judiciaire interdit les journaux et tantôt le ministère de la culture et de la guidance islamique. Sous les deux mandats de chacun 4 ans d'Ahmadinéjad, qui vient de se terminer, une vingtaine d'interdictions ont été prononcées.
Avant de passer en revue l'article qui a coûté la vie à un journal et les sanctions contre le responsable du journal et l'auteur de l'article qui peuvent aller, selon les responsables judiciaires islamiques, de trois à douze mois de prison, rappelons une constance dans l'attitude du régime des mollahs contre les journaux et autres médias.
L’historique des interdictions des publications quotidiennes, hebdomadaires et autres est étroitement lié à la fondation de la République islamique bien que la même forme de répression ait été courante sous le régime impérial.
Le quotidien Ayandégan fut parmi les premiers titres interdits sur l'ordre direct de Rouhollah Khomeiny, le fondateur de la République islamique. Non seulement le "jeune" appareil de censure islamique a interdit ce quotidien le 08/08/1979, seulement six mois après la prise du pouvoir, mais en plus des bandes de barbares qui se nomment toujours Hezbollahi (du parti de Dieu) sont allés dans les locaux du quotidien pour tout saccager et brûler. A ce moment-là les premiers groupes d'opposition qui étaient surtout des tendances radicales de marxisme n'ont pas vraiment montré leur désapprobation car Ayandégan avait pour responsable un ex-ministre du chah et pour eux, ce journal n'était que bourgeois voire contre-révolutionnaire. Évidemment le jour où les mollahs ont décidé d'interdire les journaux de groupes marxistes dont l'un d'entre eux était devenu le journal le plus tiré non seulement en Iran mais dans tout le Moyen - Orient, c'était déjà trop tard et le despotisme islamique était mieux installé et organisé. Lorsque l'on morcelle la liberté, l'on ne peut attendre mieux.
Ces dernières années à chaque fois que les divers organes étatiques interdisent un journal, le texte qui a entraîné l’interdiction se multiplie partout, surtout par le biais d'Internet. Autrement, ce texte publié dans Néguine n'aurait pu être lu sans l'interdiction, pour le meilleur des cas que par les habitants de Kerman, mais maintenant il est lu probablement par plusieurs millions de personnes aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Iran. C'est pourquoi ce qu'a dit le responsable de la rédaction de Néguine n'est pas injuste. Abbas Karimzadeh a dit :"Je ne défends pas l'article publié, mais est-ce que beaucoup de monde lisent les journaux régionaux? Ces publications gratuites vont dans les kiosques sans être lues par quiconque." Drôle de façon de défendre un journal par son responsable! N'est - ce pas? Mais faut - il rappeler qu'après l’interdiction, des fous d'Allah se sont rassemblés devant les locaux de Néguine en demandant des explications complémentaires à leur manière c'est - à - dire par exemple des slogans du genre "mort aux hérétiques" !
Ne dérogeons pas à la règle de propagation massive de l'article incriminé et traduisons - le entièrement en français, que voici:
"L'étranger est l'endroit où tout le monde a le sida! Le pays étranger est là où tout le monde joue avec l’honneur de tout le monde, alors que dans notre pays seulement quelques personnes jouent avec l'honneur de tout le monde. Le président de la République du pays étranger a plusieurs costumes tellement il vit dans l’opulence. En plus à l'étranger l'on met la cravate qui est une sorte de flèche vers le bas. Tous les étrangers sont occidentalisés. Les populations étrangères sont tout le temps soûls et se disent sans cesse You are ... (en anglais dans le texte avec trois points), Mais ici nous demandons comment va la famille tellement nous sommes polis et cultivés. Nous avons tout en Iran, le pain, le logement et selon certains la liberté. Notre différence est que nous nous demandons où sont - ils ? Et nos pouvoirs publics disent: vous les avez! Mais comme nous sommes imbéciles, nous insistons et répétons où sont le pain, le logement et la liberté? Ensuite ils sont obligés de faire des patrouilles pour nous faire comprendre de force : les voilà! Mais dans le pays étranger, ça ne se passe pas ainsi, car les étrangers n'ont aucune logique. L'étranger est un pays arriéré où il n'y a pas de patrouille pour vérifier si quelqu'un a mis du vernis à ongle. Dans le pays étranger, l'on n'a pas encore compris que la couleur noire est le meilleur des coloris pour l'été. Les étrangers sont tellement mécréants qu'en voyant les cheveux des filles, ne réagissent guère. Mais nous, dès que nous voyons la moindre mèche de cheveux, nous commençons à s'agiter. Parce que nous avons des croyances très fortes. Les étrangers pensent que nous sommes en guerre mondiale parce que nous avons des coupons de rationnement. Là-bas, ils n'ont pas de curé et école religieuse parce qu'ils n'ont aucune culture. Les étrangers sont tellement mécréants qu'ils ne peuvent pas comprendre ce qu'est le mariage provisoire. Les étrangers sont tellement permissifs qu'il disent qu'un homme est égal à une femme alors que, manque de savants, ils ne savent pas que quatre femmes sont égales à un homme. Les étrangers sont des incultes car ils entrent à l'église avec leurs chaussures et allume un cierge alors que la joie de parler avec Dieu est dans l'odeur des chaussettes mélangée avec de l'eau de rose. Les étrangers sont de véritables ânes car même leurs poésies religieuses sont chantées avec mélodie alors que quand l'on veut parler avec Dieu, il ne faut pas être gai. Dieu est effrayant et seulement les Iraniens le savent. Nous concluons que le pays étranger est très mauvais. A l'étranger, tout le monde a le sida.
Il est pratiquement sûr que la plupart des francophones, respectant la liberté sans la morceler, qui viennent de lire le texte qui a fait interdire le journal Néguine, diraient: "mais il n'y a rien de méchant dans ce texte". Cela est juste, mais au moins toute lectrice et tout lecteur sentent un peu plus le seuil de tolérance des mollahs. Il y a encore même des opposants qui disent que l'on peut publier des choses sous le seuil de la censure du régime islamique. Ne voient - ils pas que ce plafond de la censure est tellement bas que même couchés à même le sol, l'on ne peut se contenter que de lire le Coran ou d'autres textes superstitieux? Faut - il leur rappeler que l'Iran est classé 172 ème pays pour le respect de la liberté de la presse juste avant l'un de ses pays amis qu'est la Corée du Nord?               

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