dimanche 26 octobre 2014

Moment choisi pour la pendaison de Reyhaneh

La justice islamique iranienne vient de commettre un nouveau crime en pendant une jeune femme de 26 ans, Reyhaneh Jabbari. Reyhaneh a passé sept ans derrière les barreaux avant d'être pendue au petit matin du 25/10/2014.
Décoratrice, elle a été accusée du meurtre d'un médecin qui lui avait demandé l'agencement de son cabinet. Ce médecin de 47 ans n'était pas n'importe lequel, car il avait travaillé durant un certain temps pour le ministère du renseignement (la police politique iranienne). Reyhaneh avait dit à plusieurs reprises que le médecin - flic a voulu la violer et par légitime défense, elle lui a donné un coup de couteau à l'épaule avant de prendre la fuite. Le tribunal islamique n'a jamais admis que Reyhaneh ait voulu se défendre et l'a condamnée à la peine capitale par pendaison.
Les charges contre Reyhaneh ont été assez faibles pour prouver qu'elle ait tué le médecin - flic. Une organisation politique iranienne croit savoir que le médecin - flic n'a pas été assassiné par Reyhaneh mais par un autre flic qui travaille pour le ministère du renseignement. En fait, l'on a décidé de faire porter par Reyhaneh le chapeau d'un règlement de compte entre les bandes de la police politique. Par ailleurs l'on sait que le médecin - flic est allé acheter des préservatives le lendemain de son premier contact avec Reyhaneh. Ahmed Shaheed, rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Iran, qualifiant la peine de mort contre Reyhaneh d'injuste et d'infondée, avait déclaré pour sa part que le docteur Morteza Sarbandi avait prémédité le viol de Reyhaneh car un verre de jus de fruit contenant des produits fortement somnifères a été retrouvé sur le lieu de crime. Les mollahs et leur appareil judiciaire n'ont pas donné suite aux multiples appels de Shaheed pour que Reyhaneh ne soit pas pendue. Shaheed n'a pas été le seul à intervenir en faveur de Reyhaneh. Une pétition de plus de 100 000 signatures en 2300 pages a été envoyée à Shaheed mais aussi à Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU et à Catherine Ashton, haut représentant des affaires étrangères de l'Union européenne. Martin Shulz, le président du Parlement européen avait écrit à Ali Laridjani, président de l'Assemblée islamique (parlement iranien) lui demandant de ne pas exécuter Reyhaneh. Shirin Ebadi, l'avocate iranienne qui a gagné le Prix Nobel de la paix en 2003 ainsi qu'Asghar Farhadi, Oscar du meilleur film étranger en 2012, mais aussi Mohamad - Reza Shadjarian, un chanteur très populaire en Iran et plusieurs autres artistes ont demandé que Reyhaneh ait la vie sauve. Aucun, absolument aucun de tous ces appels n'ont été entendu.
Les bourreaux islamistes au pouvoir en Iran ont voulu plusieurs fois pendre Reyhaneh. Sa mère déclare que le 30/09/2014 les responsables pénitentiaires l'ont appelé pour qu'elle aille récupérer le cadavre de sa fille, mais une fois sur place, l'on lui a dit qu'elle n'a pas été encore pendue. Alors pourquoi cette fois - ci, Reyhaneh a été pendue? Au vu de ce qui s'est passé ces derniers jours dans plusieurs villes iraniennes où les femmes ont pris l'initiative de multiples protestations contre les attaques à l'acide en Ispahan contre les femmes que le régime considère "mal voilées" (voir le précédent article du blog), il est plus qu'évident que le moment de la pendaison de Reyhaneh a été parfaitement choisi. Reyhaneh devait être pendue maintenant pour que les femmes mais aussi fort heureusement des hommes qui prennent des risques énormes en descendant dans les rues contre les attaques à l'acide se rappellent que le régime tue dès que qu'il voit nécessaire que sa survie commence à être en danger et cela sans tenir compte de qui que ce soit, de Shaheed à Shulz en passant par des lauréats du Nobel ou de l'Oscar etc. Reyhaneh devait mourir le 25 octobre et non pas le 30 septembre et non pas avant. Ainsi elle a rejoint la triste liste de plus de 800 personnes pendues en Iran par an. Selon un rapport de Shaheed, 825 prisonnières et prisonniers ont été exécutés en Iran entre juillet 2013 et juillet 2014.
L'assassinat de Reyhaneh a prouvé encore une fois que les islamistes au pouvoir en Iran ne peuvent jamais changer. Reyhaneh n'est plus là, mais sa mémoire sera là quand les femmes en Iran s’émanciperont du joug néfaste du pouvoir politique islamique et par là même aideront à ce que les hommes soient aussi libres en Iran, sans les femmes il n'y aura pas de liberté en Iran comme il n'y en aura nulle part ailleurs dans le monde.

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