vendredi 4 octobre 2013

Le président "modéré" et deux exécutions par jour

Le mollah Hassan Rouhani est présenté comme représentant de l'aile modérée de la République islamique d'Iran. Les médias occidentaux et les programmes en langue persane des radios d’État, Radio France Internationale, B.B.C. ou Voice of America utilisent de plus en plus ce qualificatif surtout depuis le revirement des mollahs sur la voie de réconciliation avec les États-Unis et les puissances européennes. Celles et ceux qui connaissent bien la nature non-réformable du régime des mollahs se rappellent bien de la période août 1997 - août 2005, les deux mandats présidentiels de Mohammad Khatami, où celui-ci était présenté comme "réformateur". Ils ont bien constaté que ce "réformateur" a bien supervisé la répression du mouvement étudiant de juillet 1999 ou n'a rien fait de concret contre les auteurs des "assassinats en chaîne" des écrivains Mohammad-Djafar Pouyandeh et Mohammad Mokhtari et du couple Darius Forouhar et Parvaneh Eskandari, dirigeants du Parti de la Nation d'Iran en 1997. Il est vrai que le régime des mollahs n'est pas uniforme. Il y a plusieurs factions et bandes au sein de ce régime sanguinaire qui occupent le devant de la scène selon les besoins. Après huit ans de Mahmoud Ahmadinéjad qui niait comme les fascistes l'holocauste des juifs par le régime nazi, voici Hassan Rouhani qui le condamne. Mais les différences s'arrêtent là. Que l'on ait un Ahmadinéjad ou un Rouhani, un civil ou un mollah, les bases du régime ne changent pas. Un président de la République en Iran doit obéir au vali - e faghih (le guide suprême) et exécuter ses ordres sans sourciller sinon il sera destitué malgré le vote des électeurs, ce qui fut le cas du premier président de la République islamique Abolhassan Banisadr élu par 70% des votants en 1980 et destitué par Rouhollah Khomeini un an plus tard.
Un des principes de base du régime des mollahs est bien la sauvegarde de la terreur. Il leur faut tous les jours une ou deux exécutions, s'ils peuvent et l'occasion se présente, quelques mutilations en coupant des mains ou pieds, des scènes de flagellations ou encore une énucléation selon la loi du talion inscrite dans le Coran ou autres textes religieux.
Bien que l'exécution des opposants politiques soit devenue moins fréquente que durant les premières années de règne des mollahs mais celle des condamnés du droit commun est de plus en plus pratiquée. Il y a bien des oppositions contre les exécutions sans que cela soit suffisant. Car qu'il s'agisse de l'opposition royaliste, libérale ou même marxiste, les oppositions sont fades et pas assez fortes. Quand il y a des staliniens qui ne veulent même pas prendre position contre la peine de mort en général, alors il est inutile d'attendre qu'ils se battent contre les exécutions quotidiennes au moins en parole et dans leurs publications.
Fort heureusement ce n'est pas le cas de tout le monde. Il y a bien des militants des droits de l'homme qui risquent leur vie pour informer l'opinion publique iranienne et internationale des crimes des mollahs. Ils viennent d'ailleurs d'annoncer que ce jeudi 03/10/2013, six personnes ont été pendues à Yazd, ville située au centre de l'Iran. Cinq d'entre elles étaient accusées de trafic de stupéfiants et une dernière de meurtre. Le chef local de la justice islamique a prétendu que les cinq pendus avaient possédé 396 kilogrammes de drogues diverses.
Avec les six de Yazd, le nombre de personnes exécutées depuis que Rouhani a remplacé Ahmadinéjad atteint 129 individus. Sachant que Rouhani a pris les clés le 03/08/2013, cela fait deux exécutions par jour. L'un des 129 était mineur au moment de l'arrestation et exécuté dès qu'il a eu 18 ans. Sept d'entre eux étaient des femmes et 17 exécutions ont eu lieu en public.
Il est possible qu'un jour les journalistes des grands médias occidentaux osent demander à Hassan Rouhani son avis sur ces meurtres d’État qui sont les pendaisons et exécutions. Dans le meilleur des cas, il répondra, comme tout politicard pratiquant la langue de bois, que la justice est indépendante en Iran ! Ainsi sont faits les États, qu'il soit laïc ou islamique, moderne ou arriéré, modéré ou dur, ils ont beaucoup de choses en commun.     
 

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